RAPHAËL LÉVY Les histoires d’erreurs judiciaires ne sont jamais inutiles. Elles font rénéchir, pendant quelques minutes, le public et même les juges. On ne lira pas, sans y trouver sujet à réflexion, l’histoire de Raphaël Lévy, juif lorrain, accusé d’avoir enlevé, sur le grand chemin de Boulay à Metz, un enfant chrétien âgé de trois ans, « pour réparation de quoi il a été brûlé vif le 17 janvier 16701». C’était à l’apogée du règne de Louis XIV, l’année même où le tendre Racine écrivait la divine Bérénice. Les juifs de Metz étaient, depuis quelque temps, en faveur, c’est-à-dire qu’un gouvernement plus humain les traitait à peu près comme des hommes. Les quatre familles qui avaient obtenu du maréchal de Vieilleville, en 1567 ; l’indigénat de la grande cité
1. Arrêt du Parlement de Metz, fait en la Chambre de la Tournelle, 16 janvier 1670.