Page:Reinach - Raphaël Lévy, une erreur judiciaire sous Louis XIV, 1898.djvu/137

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et à nos Israélites, nos frères, pendant sa vie, et qu’en nos jours Juda soit sauvé et qu’Israël vive en assurance, et que le Rédempteur vienne en Sion. » Les Juifs, pour rendre cette prière plus solennelle, la font en embrassant le livre de la loi qu’ils tirent de l’Arche ou armoire, dans laquelle il est enfermé : tout le peuple répond « Amen » sur chaque article.

L’auteur de l’Abrégé aurait bien mieux fait de traiter simplement ce qui regarde l’affaire de Raphaël Lévy, que de charger par ses médisances toute la nation juive. Il suffit présentement de rapporter le sommaire du factum imprimé à Metz, pour la justification dudit Raphaël ; afin que ceux qui n’en ont point fait la lecture en aient au moins une légère connaissance, en attendant une plus ample instruction.

On accuse l’intimé d’avoir fait mourir un enfant. Non seulement il n’y en a point de preuves, mais toutes les présomptions y sont contraires ; cette action qu’on attribue à la dévotion, étant entièrement opposée aux principes de sa religion. On l’accuse de l’avoir du moins enlevé ; mais cela n’est pas vraisemblable, puisqu’il ne pouvait lui en revenir aucun profit ni bénéfice. Il n’y en a point aussi de preuves : plusieurs témoins qui ont été ouïs, disent avoir vu un homme portant un enfant ; cela n’est ni nouveau ni criminel. Quelques-uns disent que cet homme avait la mine d’un Juif ; mais, ayant vu l’accusé, ils ont reconnu que ce n’était pas lui. Une bouchère lui a soutenu que c’était lui ; mais elle s’est coupée, et a dit l’avoir vu passer avant que l’enfant fût perdu. La déposition du nommé Parot, qui dit avoir ouï-dire d’une bouchère qu’elle avait vu passer un Juif avec un enfant, ne fortifie point ce qu’a avancé ladite bouchère : au contraire, cette déposition prouve que ce n’était pas