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MES SOUVENIRS

indifférent ; sa préoccupation était ailleurs. Il était pensif. Il songeait à la guerre, désirant ardemment la victoire et sentant bien qu’il n’avait eu jusque-là que des demi-succès. Les plus ardents avaient les mêmes préoccupations, car le lendemain le jeune duc de Gênes écrivait :


« Rivoli, le 11 juin 1848.

Hier, les troupes du roi ont attaqué les fameuses positions de Rivoli qui ont coûté à Napoléon tant d’efforts et de sang. Les Allemands se voyant pris par derrière ont abandonné la clé du Tyrol sans presque se défendre. C’est ma division qui a eu l’honneur de faire cette opération qui ne nous a pas coûté un homme, mais est d’une grande importance pour l’armée et prouve notre supériorité. Ce matin, j’ai mené deux reconnaissances sur le chemin du Tyrol ; dans la colonne que je menais, nous avons eu un combat de presque trois heures, tandis que l’autre chassait les Autrichiens de la position de la Corona, la plus forte peut-être de ce pays. Les Autrichiens nous y ont laissé leur polenta toute chaude que nos soldats ont mangée au lieu de soupe. Je vais faire aujourd’hui rompre la route du Tyrol au delà de l’Adige. Maintenant je ne sais trop ce que nous allons faire, car Radetzki est