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CHAPITRE DIXIÈME

entreprise téméraire et folle. Si, au prix de ma seconde jambe, je pouvais l’éviter, je la sacrifierais volontiers, mais, comme ministre des affaires étrangères, je n’ai rien à y objecter. La médiation n’a rien produit depuis plus de sept mois ; si on savait ce qu’on peut en espérer, ce qu’on nous offre, ce qu’on nous demande, on pourrait prendre un parti ; mais l’Autriche refuse tout et la France et l’Angleterre ne se sont engagées à rien. Que répondre à des gens qui vous disent qu’on ne gagne rien à attendre, que le trésor est à bout et que la paix dépensant autant que la guerre on arrivera par l’inaction à consumer toutes nos ressources et à ne pouvoir plus rien faire quand l’espoir sera perdu ? Que répondre à ceux qui vous disent : L’anarchie est entretenue par l’oppression étrangère : les sentiments généreux d’indépendance et de nationalité qu’elle excite servent de prétexte et d’appui à l’anarchie, et tant qu’on refusera d’agir pour satisfaire ces sentiments ils serviront de justification aux désordres. Il semble donc que la guerre est inévitable à moins que les conférences de Bruxelles ne produisent quelque résultat, mais on ne nous dit rien, et pendant ce temps les Autrichiens disent à qui veut l’entendre qu’ils ne traiteront que sur les bases des traités de 1815. Que voulez-vous que je réponde à ceux qui me demandent ce que