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MES SOUVENIRS

j’en sais ? Rien, et c’est ce mot qui a perdu le dernier ministère il y a trois mois. Il nous entraînera aussi et la guerre sera déclarée, »

Charles-Albert se défendait sans sincérité du reproche d’avoir abandonné Gioberti. Il disait, contrairement à la vérité, que Gioberti avait résolu l’intervention en Toscane sans lui en parler, que le grand-duc lui avait bien demandé le 15 février d’intervenir, mais qu’en partant pour Gaëte il s’était rétracté assurant que la France et l’Angleterre auraient vu cette intervention avec déplaisir. « Certes, disait-il, je ne serais jamais intervenu en Toscane contre la volonté de la France et de l’Angleterre, et je suis fort content de ne l’avoir point fait puisque j’aurais eu contre moi le grand-duc et ses sujets, sans compter qu’il eût fallu réduire Livourne, ce qui n’eût pas été facile. De plus, la prétention de l’Autriche d’intervenir dans les affaires de Toscane et de Rome nous eût mis dans un grand embarras. Je n’ai rien à dire contre l’intervention de la France et de l’Angleterre ; celle de l’Espagne même serait tolérable, mais si l’Autriche s’en mêlait ce serait tout différent. Nous exclure et l’admettre, c’est se ranger parmi nos ennemis, et j’espère que la France et l’Angleterre, qui nous ont été si bienveillantes, ne nous traiteront pas si mal, d’autant plus qu’elles savent que ce serait