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MES SOUVENIRS

changer à l’improviste sa direction. Les Autrichiens marchaient sur Mortara et Vigevano, rejetant les Piémontais sur Novare, les séparant de leur base naturelle, leur enlevant toutes communications, les privant de leurs magasins et de leurs dépôts. Le soir du 21, une forte avant-garde, commandée par l’archiduc Albert, soutenue par le corps d’armée du général d’Aspre, attaqua la position de Mortara, défendue par le duc de Savoie et les généraux de La Marmora et Durando. L’attaque de la ville de Mortara eut lieu à la tombée de la nuit. Le couvent de Saint-Albino, pris et repris, était resté au pouvoir des Autrichiens.

L’obscurité, la confusion, l’occupation de Saint-Albino, le centre des Piémontais ayant été enfoncé, donnèrent à ce dernier assaut un caractère de véritable horreur. Deux colonnes autrichiennes avaient entouré la ville, occupant toutes les avenues ; elles entrèrent pêle-mêle avec les Piémontais dans Mortara où se trouvaient la brigade de la reine presque tout entière, deux sections d’artillerie et deux bataillons de Cunéo. Les Autrichiens avaient envahi toutes les rues communiquant avec la grande route et ils avaient pointé quatre pièces de canon à leur extrémité. Montés dans les étages des maisons, ils dominaient les Piémontais privés de toute issue. Il était