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MES SOUVENIRS

constitution, le comte Avet, ministre de la justice, avait fait à la cour de Rome des observations sur l’abus de la juridiction ecclésiastique en Piémont. Pendant la guerre, en mai 1848, le comte Selopis, garde des sceaux de Charles-Albert, avait insisté, « l’existence d’une juridiction privilégiée, indépendante du pouvoir royal et relative à des affaires essentiellement temporelles, ne pouvant plus se concilier avec les dispositions du statut. » On cherchait alors une entente : elle fut impossible. La cour de Rome à l’obstacle créé par ses lenteurs calculées joignait malheureusement des revendications inacceptables : la juridiction en dernier ressort en matière criminelle, la nomination des évêques, l’administration des bénéfices. Le ministère d’Azeglio résolut de présenter au Parlement un projet de loi réglant cette question. Il suivait en cela les conseils de Camille de Cavour et, en introduisant dans le royaume de Sardaigne une législation en vigueur dans tous les États de l’Europe, il donnait satisfaction à la gauche de la Chambre. Cette loi, présentée par le garde des sceaux, M. Siccardi, souleva des tempêtes.

M. Siccardi était un ami personnel de Massimo d’Azeglio. Bien souvent, ainsi que M. de Santa-Rosa, il avait partagé notre repas du soir à l’hôtel Trombetta. Camille de Cavour monta à la tribune pour