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CHAPITRE TREIZIÈME

défendre la loi. « Si l’on ne fait pas, dit-il, porter au statut les fruits de liberté qu’il doit produire, il perdra tout crédit et avec le sien il perdra le crédit de la monarchie. »

La loi fut votée par la Chambre et par le Sénat. Elle eut presque immédiatement les conséquences les plus douloureuses. Un des membres du cabinet, le comte de Santa-Rosa, étant tombé gravement malade, les sacrements qu’il demandait lui furent refusés par Mgr Franzoni, archevêque de Turin, s’il ne désavouait pas la part qu’il avait prise comme ministre à la présentation de cette loi. M. de Santa-Rosa n’y consentit pas et dut mourir sans sacrements. Une grave émeute se produisit dans Turin. Le palais archiépiscopal fut assiégé par les clameurs indignées de la population.

Le portefeuille de Santa-Rosa était vacant ; il fallait l’attribuer à un député de la majorité. Massimo d’Azeglio proposa Cavour qui avait pris une part prépondérante à la discussion de la loi Siccardi. Victor-Emmanuel y consentit volontiers ; il avait déjà apprécié celui qui allait devenir son conseiller le plus écouté, mais il prévint ironiquement ses ministres que ce nouveau venu leur enlèverait tous leurs portefeuilles.

À ses débuts le comte de Cavour ne parut s’occuper que de questions financières. La hardiesse de