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MES SOUVENIRS

avait été accepté, c’était le langage peu mesuré tenu à l’égard du Piémont par les journaux allemands passant pour recevoir les inspirations du cabinet autrichien. La Correspondance lithographiée de Vienne, journal semi-officiel, avait publié récemment un article des plus hostiles au gouvernement sarde, et cet article avait été reproduit dans la Gazette de Milan, feuille officielle de la Lombardie. On y lisait que « le cabinet de Turin ne s’était point retiré du terrain de la révolution et que, laissant flotter le drapeau tricolore sur les édifices publics, il montrait bien sa tendance à réaliser les plans de Mazzini ».

L’état de siège régnant à Milan et à Vienne il eût été facile à la censure autrichienne de prévenir ces attaques à l’occasion desquelles M. d’Azeglio avait dû faire des représentations au prince de Schwarzenberg.

Toujours est-il qu’une réponse péremptoire était nécessaire. Le 27 février, le comte César Balbo, un des hommes d’État et des écrivains les plus distingués du Piémont, fit à la Chambre une interpellation. Cette interpellation excita d’autant plus de curiosité dans l’assemblée que le comte Balbo s’était abstenu depuis fort longtemps de prendre la parole en séance publique. Il devait avoir un bien puissant motif pour rompre un silence qui semblait systématique. Cette