Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/11

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Et à c’t’heure, i va s’t'aller amon s’matante Dolphine et amon s’pârain, po qwèri l’pèce et dire bon joû po ses pâques. Qwand ils veuront çou qui l’valet a déjà, ils n’woèseront nin abouter mon.

C’est mon oncle qu’a dit ça ; et ma tante n'est plus fâchée et elle ferme son tiroir en me criant :

C’est çoula, happez voss chapai et allezzi dire on bai bonjoû à voss matante et à m’soroche, avou tôt plin des complumints da nos autes. Et sitis fer les qwances di rin, leyiz veyi voss pèce ou bin fer comme si vos l’ieyahiz-se tourner. Mains fez attinchon, savez-là ; s’il arrivé-ve on malheur avou l’pèce, gare à voss sogne !

Je prends ma belle demi-buse, je veux frotter les poils pour la faire reluire, mais je m’ai trompé d’abord, puis ça va bien, et je la mets sur ma tête malgré qu’elle me fait mal et que j’ai déjà une marque dans mon front.

Chez ma tante Dolphine, ici tout près, c’est vite fait. Elle regarde toujours comment on est habillé et si les affaires vont comme il faut. Alors elle me fait tourner et ratourner devant elle ; elle tire mon gilet par devant, mon paletot par derrière et mon pantalon en haut, puis mon devant de chemise en bas, elle refait le floquet de ma cravate, elle m’embête de tous les côtés.

— Tirez votte main hors de votte poche, qu’elle dit. On ne fait pas comme ça ; c’est les petitès gens et les ouvriers qui mettent leur poing comme ça au fond de leur poche.