Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/147

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haine de Mme  Dumont-Dufour n’ont cessé de multiplier les supplices, que va-t-il encore lui falloir endurer ? Et Diane le sait si mal, si peu armé pour la lutte.

— Mon pauvre petit Pierrot.

— Je ne suis pas à plaindre, Diane.

— Écoute, si tu as besoin de quoi que ce soit…

— Je n’ai besoin de rien.

— As-tu au moins un peu d’argent ?

— Quelle question ? Tu parles comme ma mère. Vous êtes bien toutes les mêmes, les femmes, vous vous perdez dans les détails. Les questions d’argent, pour vous, il n’existe rien d’autre. Sache ma petite que Bruggle ne me laissera manquer de rien. Déjà il m’a fait vendre une toile. Dans cette poche, il y a un portefeuille avec mille balles.

— Mille francs qu’est-ce que c’est ?

— Mais je te le répète, Bruggle ne me laissera manquer de rien.

— Moi non plus, Pierrot.

Pierre entre ses dents : Je ne suis pas un maquereau.

Diane croit mal entendre : Tu dis ?

— Rien.

Nouveau silence. Comme elle ne trouve pas un mot à répondre, plutôt que d’accuser la méchanceté de Pierre ou même sa mauvaise humeur, elle décrète que sa propre maladresse seule est coupable.