Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fallait presque la croire de quelque principe impondérable et non d’une humanité qui sentait à la fois, la folie, la peur et les larmes.

Diane, ma Dianette répétait-il et il ne se fût même point permis de la dire fille d’un M. Blok qui s’était pendu en pantalons à grands carreaux et d’une grosse Mme Blok molle et pleurarde.

Et ainsi, quelques minutes après avoir pensé que Diane n’était en somme qu’une compresse inutile, force lui était de s’avouer que si elle l’avait guéri, ce n’avait point été par un secours précis ou une action semblable à celle reconnue aux médicaments, mais par un miracle dont elle portait en soi la vertu et qui l’illuminait toute d’une grâce que son mystère contraignait soudain à qualifier de « divine ».

Alors, il se disait que le mieux serait de supplier Diane de rester auprès de lui la vie entière, ce dont elle ne manquerait de tirer une grande joie et lui une grande paix, mais dès qu’il avait songé à préciser, à régler un sort que la bonté de Diane lui permettait seule d’embellir, déjà, il perdait toute sécurité, remettait à plus tard, ne demandait rien, et à l’instant même où il se répétait qu’il avait de l’adoration pour Diane, il se rappelait que l’après-midi lui avait donné un croquis de ce que serait leur existence commune et non divine.

D’abord attendrissement, oubli du colonel et de sa folie, de Mme Dumont-Dufour et de sa vengeance