Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/290

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admirable (vers 740 avant J.-C), Isaïe fut le vrai fondateur du christianisme. Il fut décidé ce jour-là que, des deux fonctions surnaturelles qui se disputaient le respect des tribus antiques, le sacrificateur héréditaire et le sorcier, libre inspiré qu’on croyait dépositaire de secrets divins, c’était le second qui déciderait de l’avenir de la religion. Le sorcier des tribus sémitiques, le nabi, devint le « prophète », tribun sacré, voué au progrès de l’équité sociale, et, tandis que le sacrificateur (le prêtre) continua de vanter l’efficacité des tueries dont il profitait, le prophète osa proclamer que le vrai Dieu se soucie bien plus de la justice et de la pitié que de tous les bœufs du monde. Édictés cependant par d’antiques rituels dont il n’était pas facile de se défaire, et maintenus par l’intérêt des prêtres, les sacrifices restèrent une loi du vieil Israël. Vers le temps où nous sommes, et même avant la destruction du troisième temple, l’importance de ces rites baissait. La dispersion des juifs amenait à envisager comme quelque chose de secondaire des fonctions qui ne pouvaient s’accomplir qu’à Jérusalem[1]. Philon avait proclamé que le culte consiste surtout en hymnes pieux, qu’il faut chanter de cœur plutôt que de bouche ; il osait dire que de

  1. Remarquez Act., xxiv, 17.