Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/303

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tiques tels que ceux d’Hénoch, d’apocalypses violentes, croyant le royaume de Dieu près de se révéler, arrivés enfin au degré d’exaltation le plus intense dont l’histoire ait gardé le souvenir ;

4o Brigands, gens sans aveu, aventuriers, palicares dangereux, fruit de la complète désorganisation sociale du pays ; ces gens, pour la plupart d’origine iduméenne ou nabatéenne, étaient assez peu soucieux de la question religieuse ; mais ils étaient des fauteurs de désordre et ils avaient avec le parti exalté une alliance toute naturelle ;

5o Rêveurs pieux, esséniens, chrétiens, ébionim, attendant tranquillement le royaume de Dieu, dévotes personnes groupées autour du temple, priant, pleurant. Les disciples de Jésus étaient de ce nombre ; mais ils étaient encore si peu de chose aux yeux du public, que Josèphe ne les compte pas parmi les éléments de la lutte[1]. On voit tout d’abord qu’au jour du danger ces saintes gens ne sauront que fuir. L’esprit de Jésus, plein d’une divine efficacité pour tirer l’homme hors du monde et pour le consoler, ne pouvait inspirer le patriotisme étroit qui fait les sicaires et les héros.

  1. Juste de Tibériade, qui écrivit l’histoire de la guerre des Juifs, ne parlait pas non plus des chrétiens. Photius, Biblioth., cod. xxxiii.