Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/305

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d’avance que ces consciences troubles, incapables de distinguer leurs grossiers appétits de passions que leur frénésie leur représentait saintes, iraient aux derniers excès et ne s’arrêteraient devant aucun degré de la folie.

Les esprits étaient sous le coup d’une sorte d’hallucination permanente ; des bruits terrifiants se répandaient de toutes parts. On ne rêvait que présages ; la couleur apocalyptique de l’imagination juive teignait tout d’une auréole de sang. Comètes, épées au ciel, batailles dans les nues, lumière spontanée brillant de nuit au fond du sanctuaire, victimes engendrant au moment du sacrifice des produits contre nature, voilà ce qu’on se racontait avec terreur. Un jour, c’étaient les énormes portes d’airain du temple qui s’étaient ouvertes d’elles-mêmes et refusaient de se laisser fermer. À la pâque de l’an 65, vers trois heures après minuit, le temple fut durant une demi-heure tout éclairé comme en plein jour ; on crut qu’il se consumait intérieurement. Une autre fois, le jour de la Pentecôte, les prêtres entendirent le bruit de plusieurs personnes faisant dans l’intérieur du sanctuaire comme les préparatifs d’un déménagement, et se disant les unes aux autres :

    הנפש ההיא מעמיה. Cf. Journal asiatique, août-sept. 1872, p. 178 et suiv. Comp. Jos., B. J., II, viii, 8.