Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/359

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discours attribué à Jésus[1], espèce d’Apocalypse, rattachée peut-être à quelques paroles en effet prononcées par le maître, et qui expliquait les liens de la catastrophe finale, désormais tenue pour très-prochaine, avec la situation politique que l’on traversait. Ce n’est que plus tard, après le siège, que le morceau entier fut écrit ; mais certains mots qu’on y place dans la bouche de Jésus se rapportent au moment où nous sommes arrivés. « Quand vous verrez l’abomination de la désolation dont a parlé le prophète Daniel[2], établie dans le

  1. Ce beau morceau, formant une pièce à part, nous a été conservé dans Matth., xxiv, et dans Marc, xiii. Luc a modifié ses originaux, ici comme d’ordinaire (xix, 43-44 ; xxi, 20-36). Comp. Assomption de Moïse, c. 8, 10.
  2. Dan., ix, 27 ; xi, 31 ; xii, 11, dans la traduction grecque. Quel que soit le sens du passage hébreu de Daniel, l’expression grecque βδέλυγμα τῆς ἐρημώσεως indiquait certainement pour les lecteurs du premier siècle de notre ère une profanation du temple. Comp Matth., xxiv, 15 ; Marc, xiii, 14 ; I Macch., i, 54. Ἑστός ou ἑστήκοτα de Matthieu et Marc conduiraient à l’idée d’une statue ; mais c’est gratuitement qu’on a supposé que Titus dressa une statue sur l’emplacement du temple ; en outre, il s’agit ici d’une profanation antérieure à la prise de la ville par Titus, comme cela résulte évidemment, et des passages synoptiques précités, et de la fin du paragraphe Jos., B. J., IV, vi, 3. Les prophéties dont Josèphe parle vaguement en cet endroit paraissent être celles du βδέλυγμα τῆς ἐρημώσεως. En tout cas, ce passage montre que la profanation commise par les zélotes et la destruction de la ville étaient regardées comme deux choses inséparables.