Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/361

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du scandale[1] », qui serait le plus haut degré d’horreur où la malice humaine pût s’élever, et qui paraît bien être la profanation du temple par les zélotes. Tant de monstruosités prouvaient que la venue du bien-aimé était proche et que la vengeance des justes ne se ferait pas attendre. Les fidèles judéo-chrétiens, en particulier, tenaient encore trop au temple pour qu’un tel sacrilège ne les remplît pas d’épouvante. On n’avait rien vu de pareil depuis Nabuchodonosor.

Toute la famille de Jésus pensa qu’il était temps de fuir. Le meurtre de Jacques avait déjà fort affaibli les liens des chrétiens de Jérusalem avec l’orthodoxie juive ; le divorce entre l’Église et la Synagogue se préparait chaque jour. La haine des Juifs contre les pieux sectaires, n’étant plus retenue par la légalité romaine, amena sans doute plus d’un acte violent[2]. La vie des saintes gens qui avaient pour habitude de demeurer dans les parvis et d’y faire leurs dévotions était d’ailleurs fort troublée, depuis que les zélotes avaient transformé le temple en une

  1. Τὸ τέλειον σκάνδαλον ἤγγικεν, περὶ οὗ γέγραπται, ὡς Ἐνὼχ λέγει· εἰς τοῦτο γὰρ ὁ δεσπότης συντέτμηκεν τοὺς καιροὺς καὶ τὰς ἡμέρας, ἵνα ταχύνῃ ὁ ἠγαπημένος αὐτοῦ καὶ ἐπὶ τὴν κληρονομίαν ἥξῃ. Barnabé, c. iv (d’après le Sin.). Ce passage ne se trouve pas dans le livre d’Hénoch que nous connaissons. Comparez, au contraire, Matth., xxiv, 22.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., III, v, 2 (faible autorité).