Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/47

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pression d’Agneau, qui est ordinaire dans l’Apocalypse pour désigner le Christ. Les deux livres appliquent au Messie le passage de Zacharie, xii, 10, et le traduisent de la même manière[1]. Loin de nous la pensée de conclure de ces faits que la même plume ait écrit le quatrième Évangile et l’Apocalypse ; mais il n’est pas indifférent que le quatrième Évangile, dont l’auteur n’a pu être sans lien quelconque avec l’apôtre Jean, offre dans son style et ses images quelques rapports avec un livre attribué pour des motifs sérieux à l’apôtre Jean.

La tradition ecclésiastique est hésitante sur la question qui nous occupe. Jusque vers l’an 150, l’Apocalypse ne semble pas avoir eu dans l’Église l’importance qui, d’après nos idées, aurait dû s’attacher à un écrit où l’on eût été assuré de posséder un manifeste solennel sorti de la plume d’un apôtre. Il est douteux que Papias l’admît comme ayant été rédigée par l’apôtre Jean. Papias était millénaire de la même manière que l’Apocalypse ; mais il paraît qu’il déclarait tenir cette doctrine « de la tradition non écrite ». S’il avait allégué l’Apocalypse, Eusèbe le dirait[2], lui qui relève avec tant d’empressement toutes les citations

  1. Apoc., i, 7 ; Jean, xix, 37. Cette traduction diffère de celle des Septante, et est plutôt conforme à l’hébreu.
  2. Hist. eccl., III, 39. Les témoignages d’André et d’Aréthas de Cappadoce sur ce point sont peu concluants.