Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/48

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que cet ancien Père fait d’écrits apostoliques. L’auteur du Pasteur d’Hermas connaît, ce semble, l’Apocalypse et l’imite[1] ; mais il ne suit pas de là qu’il la tînt pour un ouvrage de Jean l’apôtre. C’est saint Justin qui, vers le milieu du IIe siècle, déclare le premier hautement que l’Apocalypse est bien une composition de l’apôtre Jean[2] ; or saint Justin, qui ne sortit du sein d’aucune des grandes Églises, est une médiocre autorité en fait de traditions. Méliton, qui commenta certaines parties de l’ouvrage[3], Théophile d’Antioche[4] et Apollonius[5], qui s’en servirent beaucoup dans leurs polémiques, semblent cependant, comme Justin, l’avoir attribué à l’apôtre. Il en faut dire autant du Canon de Muratori[6]. À partir de l’an 200, l’opinion

  1. Voir surtout Vis., iv, 1, 2 ; Simil., ix, et suiv.
  2. Dial. cum Tryph., 81.
  3. Eusèbe, H. E., IV, 26 ; saint Jérôme, De viris ill., 24. Comp. Méliton, De veritate, sub fin.
  4. Eus., H. E., IV, 24. On peut se demander si le mot Ἰωάννου, dans les deux passages d’Eusèbe relatifs à Méliton et à Théophile, n’est pas une addition explicative de l’historien ecclésiastique. Mais Eusèbe étant attentif à relever les passages d’où il résulte qu’on a douté de l’authenticité de l’Apocalypse, on doit supposer qu’il n’eût pas ajouté le mot Ἰωάννου, s’il ne l’eût rencontré dans les auteurs dont il parle.
  5. Eusèbe, H. E., V, 18.
  6. Lignes 47-48, 70-72. Ce second passage semble cependant marquer une tendance à placer le livre parmi les apocryphes.