Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/551

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craignait tellement que, pour se préserver de lui, on se crut obligé de lui opposer un rival. Simon fils de Gioras, originaire de Gérasa, qui s’était distingué dès le commencement de la guerre, remplissait l’Idumée de ses brigandages. Déjà il avait eu à lutter contre les zélateurs, et deux fois il s’était montré menaçant aux portes de Jérusalem. Il y revenait pour la troisième fois, quand le peuple l’appela, croyant ainsi se mettre à l’abri d’un retour offensif de Jean. Ce nouveau maître entra dans Jérusalem au mois de mars de l’an 69. Jean de Gischala resta en possession du temple. Les deux chefs cherchaient à se surpasser l’un l’autre en férocité. Le Juif est cruel, quand il est maître. Le frère des Carthaginois, à l’heure suprême, se montrait dans son naturel. Ce peuple a toujours renfermé une admirable minorité ; là est sa grandeur ; mais jamais on ne vit dans un groupe d’hommes tant de jalousie, tant d’ardeur à s’exterminer réciproquement. Arrivé à un certain degré d’exaspération, le Juif est capable de tout, même contre sa religion. L’histoire d’Israël nous montre des gens enragés les uns contre les autres[1]. On peut dire de cette race le bien qu’on voudra et le mal qu’on voudra, sans cesser d’être dans le vrai ; car, répé-

  1. Voir, par exemple, Jos., B. J., VII, xi ; Vita, 76.