Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/552

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tons-le, le bon juif est un être excellent, et le méchant juif est un être détestable[1]. C’est ce qui explique la possibilité de ce phénomène, en apparence inconcevable, que l’idylle évangélique et les horreurs racontées par Josèphe aient été des réalités sur la même terre, chez le même peuple, vers le même temps.

Vespasien, durant ce temps, restait inactif à Césarée. Son fils Titus avait réussi à l’engager dans un réseau d’intrigues, savamment combiné. Sous Galba, Titus avait espéré se voir adopter par le vieil empereur. Après la mort de Galba, il comprit qu’il ne pouvait arriver au pouvoir suprême que comme successeur de son père. Avec l’art du politique le plus consommé, il sut tourner les chances en faveur d’un général sérieux, honnête, sans éclat, sans ambition personnelle, qui ne fit presque rien pour aider à sa propre fortune. Tout l’Orient y contribua. Mucien et les légions de Syrie souffraient impatiemment de voir les légions de l’Occident disposer seules de l’empire ; elles prétendirent faire l’empereur à leur tour ; or Mucien, sorte de sceptique plus jaloux de disposer du pouvoir que de l’exercer, ne voulait pas de la pourpre pour lui-même. Malgré sa vieillesse, sa naissance bourgeoise, son

  1. Ceci s’applique surtout aux juifs d’Orient.