Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/607

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suppléant à l’autonomie diplomatique et militaire par l’autonomie du collège et de l’Église.

L’empire romain ne fut pas assez flexible pour se prêter ainsi aux nécessités des communautés qu’il englobait. Des quatre empires, ce fut, selon les juifs, le plus dur et le plus méchant[1]. Comme Antiochus Épiphane, l’empire romain fit dévoyer le peuple juif de sa vocation véritable en le portant par réaction à former un royaume ou un État séparé. Cette tendance n’était nullement celle des hommes qui représentaient le génie de la race. À quelques égards, ces derniers préféraient les Romains. L’idée d’une nationalité juive devenait chaque jour une idée arriérée, une idée de furieux et de frénétiques, contre laquelle des hommes pieux ne se faisaient pas scrupule de réclamer la protection des conquérants. Le vrai juif, attaché à la Thora, faisant des livres saints sa règle et sa vie, aussi bien que le chrétien, perdu dans l’espérance de son royaume de Dieu, renonçait de plus en plus à toute nationalité terrestre. Les principes de Judas le Gaulonite qui furent l’àme de la grande révolte, principes anarchiques, d’après lesquels, Dieu seul étant « maître », aucun homme n’a le droit

  1. Apocalypse de Baruch, dans Ceriani, Monum. sacra et prof., I, p. 82, et V, p. 136.