Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/62

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Romains venaient de nuit la baiser furtivement. Le fruit de ces embrassements profanes fut, dit-on, l’Antéchrist[1]. Ce fils de la statue de marbre est bien certainement au moins un fils de l’Italie. Toutes les grandes protestations de la conscience humaine contre les excès du christianisme sont venues autrefois de cette terre ; de là encore elles viendront dans l’avenir.

Je ne cacherai pas que le goût de l’histoire, la jouissance incomparable qu’on éprouve à voir se dérouler le spectacle de l’humanité, m’a surtout entraîné en ce volume. J’ai eu trop de plaisir à le faire pour que je demande d’autre récompense que de l’avoir fait. Souvent je me suis reproché de tant jouir en mon cabinet de travail, pendant que ma pauvre patrie se consume dans une lente agonie ; mais j’ai la conscience tranquille. Lors des élections de 1869, je m’offris aux suffrages de mes concitoyens ; toutes mes affiches portaient en grosses lettres : « Pas de révolution ; pas de guerre ; une guerre sera aussi funeste qu’une révolution. » Au mois de septembre 1870, je conjurai les esprits éclairés de l’Allemagne et de l’Europe de songer à l’affreux malheur qui menaçait la civilisation. Pendant le siège, dans Paris, au mois de novembre 1870, je

  1. Voir Buxtorf, Lex. chald. talm. rabb., p. 222.