Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/112

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raient une ardente prédication populaire, des rêves brillants, des espérances illimitées ; c’est ce qu’on appelait l’agada, mot qui embrasse à la fois les fables passionnées, comme celle de Judith, et les apocalypses apocryphes qui agitaient le peuple. Autant les casuistes de Iabné se montraient dédaigneux pour les disciples de Jésus, autant les agadistes leur étaient sympathiques. Les agadistes avaient en commun avec les chrétiens l’aversion contre les pharisiens, le goût pour les explications messianiques des livres prophétiques, une exégèse arbitraire qui rappelle la façon dont les prédicateurs du moyen âge jouaient avec les textes, la croyance au règne prochain d’un rejeton de David. Comme les chrétiens, les agadistes cherchaient à rattacher la généalogie de la famille patriarcale à la vieille dynastie[1]. Comme eux, ils cherchaient à diminuer le fardeau de la Loi. Leur système d’interprétations allégoriques, qui transformait un code en un livre de préceptes moraux, était l’abandon avoué du rigorisme doctoral[2]. Au contraire, les halakistes traitaient les agadistes (et les chrétiens pour eux étaient des agadistes) comme gens frivoles, étrangers à la seule étude sérieuse, qui était

  1. Talm. de Jér., Schabbath, xvi, 1 (fol. 15 c).
  2. Derenbourg, Palest., p. 349, 352-354.