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établis à Rome. Il ne paraît pas qu’aucun des presbyteri ou episcopi de l’Église ait subi le martyre[1]. Parmi les chrétiens qui souffrirent, aucun ne paraît non plus avoir été livré aux bêtes dans l’amphithéâtre ; car presque tous appartenaient aux classes relativement élevées de la société. Comme sous Néron, Rome fut le lieu principal de ces violences ; il y eut cependant des vexations dans les provinces[2]. Quelques chrétiens faiblirent et quittèrent l’Église, où ils avaient un moment trouvé consolation pour leur âme, mais où il était trop dur de rester. D’autres, au contraire, furent héroïques de charité, dépensèrent leurs biens pour nourrir les confesseurs, et se mirent dans les fers pour délivrer des captifs qu’ils jugeaient plus précieux à l’Église qu’ils ne l’étaient eux-mêmes[3].

L’année 95 ne fut pas sûrement pour l’Église aussi solennelle que l’an 64 ; elle eut cependant son importance. Ce fut comme une seconde consécration de Rome. À trente et un ans d’intervalle, le plus

  1. Inutile de faire remarquer que le système des Pères de l’Église sur le bannissement et les épreuves de saint Jean sous Domitien vient de la fausse idée que l’Apocalypse se rapporte à la persécution de ce prince. Il a été prouvé jusqu’à l’évidence qu’elle se rapporte à la persécution de Néron.
  2. Cela résulte de Pline, Lettres, X, xcvii, 6, « non nemo etiam ante viginti ».
  3. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 55.