Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/345

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fou et le plus méchant des hommes semblèrent s’entendre pour détruire l’Église de Jésus, et, en réalité, la fortifièrent, si bien que les apologistes pourront faire cet argument spécieux : « Tous les monstres nous ont haïs ; donc nous sommes le vrai. »

Ce furent probablement les renseignements que Domitien eut à ce propos sur le judéo-christianisme qui lui firent connaître les bruits qui circulaient sur l’existence de descendants encore vivants de l’ancienne dynastie de Juda. L’imagination des agadistes se donnait, en effet, carrière sur ce point, et l’attention qui, durant des siècles, ne s’était guère portée sur la famille de David, était maintenant fort attirée de ce côté[1]. Domitien en prit ombrage et ordonna de mettre à mort ceux qui lui furent désignés[2] ; mais bientôt on lui signala, parmi ces descendants supposés de l’antique race royale de Jérusalem, des gens que leur caractère inoffensif aurait dû assurément mettre en dehors de ses soupçons. C’étaient les petits-fils de Jude, frère de Jésus, paisiblement retirés en Batanée[3]. Le

  1. Derenbourg, Pal., p.348 et suiv. Voir ci-dessus, p. 60 et suiv.
  2. Eusèbe, H. E., III, 19 ; Chron., an 14 ou 16 de Dom.
  3. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 19, 20 et 32. Eusèbe (ch. 19) veut que la dénonciation soit venue « de certains hérétiques » ; mais le texte d’Hégésippe, qu’il cite (ch. 20), donne un sujet indéterminé à ἐδηλατόρευσαν. Les τῶν αἱρετικῶν τινες du ch. 19