Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pareils privilèges, on le croyait du moins[1], avaient été accordés à Pierre entre les disciples. Or un lien de plus en plus étroit s’établissait entre Pierre et Rome. Des dissensions graves déchiraient l’Église de Corinthe[2]. Cette Église n’avait guère changé depuis saint Paul[3]. C’était le même esprit d’orgueil, de dispute, de légèreté. On sent que la principale opposition contre la hiérarchie résidait en cet esprit grec, toujours mobile, frivole, indiscipliné, ne sachant pas réduire une foule à l’état de troupeau. Les femmes, les enfants étaient en pleine révolte. Des docteurs transcendants s’imaginaient posséder sur toute chose des sens profonds, des secrets mystiques, analogues à la glossolalie et au discernement des esprits. Ceux qui étaient honorés de ces dons surnaturels méprisaient les anciens et aspiraient à les remplacer. Corinthe avait un presbytérat respectable, mais qui ne visait pas à la haute mysticité. Les illuminés prétendaient le rejeter dans l’ombre et se mettre à sa place ; quelques anciens furent même destitués[4]. La lutte de la hiérarchie établie et des révélations

  1. Luc, xxii, 32.
  2. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 16 ; IV, 22.
  3. Voir Saint Paul, ch. xiv. Comp. Clément, Ép., 1, 2, 3, 14, 46, 47, 54.
  4. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 44.