Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/364

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personnelles commençait, et cette lutte remplira toute l’histoire de l’Église, l’âme privilégiée trouvant mauvais que, malgré les faveurs dont elle est honorée, un clergé grossier, étranger à la vie spirituelle, la domine officiellement. Non sans analogie avec le protestantisme, les révoltés de Corinthe faisaient Église à part, ou du moins distribuaient l’eucharistie hors des lieux consacrés[1]. L’eucharistie avait toujours été l’écueil de l’Église de Corinthe[2]. Cette Église avait des riches et des pauvres ; elle s’accommodait difficilement du mystère d’égalité par excellence. Enfin les novateurs, fiers à l’excès de leur haute vertu, exaltaient la chasteté au point de déprécier le mariage[3]. C’était, on le voit, l’hérésie du mysticisme individuel, maintenant les droits de l’esprit contre l’autorité, prétendant s’élever au-dessus du commun des fidèles et du clergé ordinaire, au nom de ses rapports directs avec la divinité.

L’Église romaine, consultée sur ces troubles intérieurs, répondit avec un sens admirable. L’Église romaine était dès lors l’Église de l’ordre, de la subordination, de la règle. Son principe fondamental était que l’humilité, la soumission valent mieux que

  1. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 40 et suiv.
  2. Voir Saint Paul, p. 381 et suiv.
  3. Clém. Rom., Ad Cor. I, ch. 38, 48. Cf. ch. 1, 21.