Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/567

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Révèle-toi ; ferme le scheol ; défends-lui désormais de recevoir de nouveaux morts, et que les magasins[1] rendent les âmes qui y sont renfermées. Voilà bien longtemps qu’Abraham, Isaac, Jacob et les autres qui dorment dans la terre attendent, eux pour qui tu dis que le monde a été créé ! Montre vite ta gloire, ne diffère plus.


Dieu se contente de dire que les temps sont fixés et que le terme n’en est pas éloigné. Les douleurs messianiques ont déjà commencé ; mais les signes de la catastrophe seront isolés, partiels ; si bien que les hommes ne sauront pas les voir. Au moment où l’on dira : « Le Tout-Puissant a oublié la terre, » quand le désespoir des justes sera au comble, ce sera l’heure du réveil. Les signes s’étendront à tout l’univers. La Palestine seule sera protégée contre les fléaux[2]. Alors le Messie se révélera ; Béhémoth et Léviathan serviront de nourriture à ceux qui seront réservés[3]. La terre rendra dix mille pour un ; un seul cep de vigne aura mille rameaux, chaque rameau portera mille grappes, chaque grappe comptera mille grains, et chaque grain donnera un muid de vin[4].

  1. Voir ci-dessus, p. 357.
  2. Dans le polémos schel Quitos, la Palestine seule resta en dehors du mouvement général.
  3. Idée bizarre, familière aux messianistes juifs, (Voir Buxtorf, Lex. chald. talm. rabb., au mot Léviathan.
  4. Cette phrase était donnée par Papias (Irénée, V, xxxiii, 3 et 4)