Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/569

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les ruisseaux se changent en fleuves impétueux, qui la déracinent ainsi que les montagnes qui l’entourent. La forêt est emportée ; il n’en reste qu’un cèdre. Ce cèdre représente le dernier souverain romain, resté debout, quand toutes ses légions auront été exterminées (selon nous, Trajan, après ses échecs en Mésopotamie). Il est renversé à son tour. La vigne lui dit alors :


« N’est-ce pas toi, cèdre, qui es le reste de la forêt de malice, qui t’emparais de ce qui ne t’appartenait pas, qui n’avais jamais pitié de ce qui t’appartenait, qui voulais régner sur ce qui était loin de toi, qui tenais dans les filets de l’impiété tout ce qui t’approchait, et t’enorgueillissais, comme ne pouvant être déraciné ? Voici ton heure venue. Va, cèdre, suis le sort de la forêt qui a disparu avant toi, et que vos poussières se mêlent. »


Le cèdre, en effet, est jeté par terre, et on y met le feu. Le chef est enchaîné, amené sur le mont Sion. Là, le Messie le convainc d’impiété, lui montre les méchancetés accomplies par ses armées, le tue. La vigne alors s’étend de tous les côtés, couvre la terre ; la terre se revêt de fleurs qui ne se fanent plus. Le Messie règne jusqu’à la fin du monde corruptible[1]. Les méchants, pendant ce temps-là, brilleront dans un feu où nul n’aura pitié d’eux[2].

  1. § 40 ; comp. § 73.
  2. Quatrième vision (§§ 35-46).