Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/32

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Jusqu’à présent nous n’avons parlé que des trois évangiles dits synoptiques. Il nous reste à parler du quatrième, de celui qui porte le nom de Jean. Ici les doutes sont beaucoup plus fondés, et la question moins près d’une solution. Papias, qui se rattachait à l’école de Jean, et qui, s’il n’avait pas été son auditeur, comme le veut Irénée, avait beaucoup fréquenté ses disciples immédiats, entre autres Aristion et celui qu’on appelait Presbyteros Joannes, Papias, qui avait recueilli avec passion les récits oraux de cet Aristion et de Presbyteros Joannes, ne dit pas un mot d’une « Vie de Jésus » écrite par Jean. Si une telle mention se fût trouvée dans son ouvrage, Eusèbe, qui relève chez lui tout ce qui sert à l’histoire littéraire du siècle apostolique, en eût sans aucun doute fait la remarque. Les difficultés intrinsèques tirées de la lecture du quatrième évangile lui-même ne sont pas moins fortes. Comment, à côté de renseignements précis et qui sentent si bien le témoin oculaire, trouve-t-on ces discours totalement différents de ceux de Matthieu ? Comment, à côté d’un plan général de la vie de Jésus, qui paraît bien plus satisfaisant et plus exact que celui des synoptiques, ces passages singuliers où l’on sent un intérêt dogmatique propre au rédacteur, des idées fort étrangères à Jésus, et parfois des indices qui mettent en garde contre la bonne foi