Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/33

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du narrateur ? Comment enfin, à côté des vues les plus pures, les plus justes, les plus vraiment évangéliques, ces taches où l’on aime à voir des interpolations d’un ardent sectaire ? Est-ce bien Jean, fils de Zébédée, le frère de Jacques (dont il n’est pas question une seule fois dans le quatrième évangile), qui a pu écrire en grec ces leçons de métaphysique abstraite, dont ni les synoptiques ni le Talmud ne présentent l’analogue ? Tout cela est grave, et, pour moi, je n’ose être assuré que le quatrième évangile ait été écrit tout entier de la plume d’un ancien pêcheur galiléen. Mais qu’en somme cet évangile soit sorti, vers la fin du premier siècle, de la grande école d’Asie Mineure, qui se rattachait à Jean, qu’il nous représente une version de la vie du maître, digne d’être prise en haute considération et souvent d’être préférée, c’est ce qui est démontré, et par des témoignages extérieurs et par l’examen du document lui-même, d’une façon qui ne laisse rien à désirer.

Et d’abord, personne ne doute que, vers l’an 150, le quatrième évangile n’existât et ne fût attribué à Jean. Des textes formels de saint Justin, d’Athénagore, de Tatien, de