Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/143

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et si je ne me suis pas trompé dans mes calculs et mes conjectures, je crois que nous devons recevoir une lettre vers dimanche ou les premiers jours de la semaine prochaine, mais pas auparavant. Comme nous avons eu une triste entrevue le soir de la veille de son départ. Pauvre Henriette, quand j’aurai reçu une lettre, je serai un peu consolé ! Mais j’avoue que je n’en ai jamais été si impatient. Du reste, je crois que nous ne devons pas nous alarmer des retards que nous éprouvons à en recevoir car nous devons bien considérer qu’un pareil voyage ne se fait pas tout d’un trait, et sans s’arrêter.

J’aime bien, ma bonne mère, que vous me disiez que vous vous plaisez à Tréguier car trop souvent mon imagination se représente ma pauvre mère triste, seule, sans consolation. Hélas ! bonne maman, que ne puis-je vous voir mener une vie plus heureuse ! Enfin je prie le bon Dieu qu’il vous la rende agréable, et qu’il se charge lui-même de vous l’adoucir, car il est le meilleur consolateur. Dites-moi, je vous prie, bien franchement dans vos lettres si vous vous ennuyez,