Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/156

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que je lui suis cher. Et ces bons amis dont je vous ai parlé tout à l’heure. Et ici j’ai aussi trouvé d’excellents amis, deux entre autres qui semblent taillés pour moi : sans cela, je ne pourrais pas vivre éloigné de vous, ma bonne mère ; mais avant tout, par-dessus tout, mille fois plus qu’eux, je vous aime, chère maman, de tout mon cœur et de toute mon âme ; j’aime Alain et Henriette, et comment pourrais-je ne pas les aimer, quand ils font pour moi de si grands sacrifices. Quelle âme généreuse et grande a cette chère Henriette Oh non jamais je n’oublierai tout ce qu’elle m’a dit avant son départ. Je vous raconterai tout cela dans quelque temps, ô ma bonne mère, quand nous pourrons causer à loisir.

Mais je m’aperçois que le temps passe et j’ai mon examen à préparer. Ah mon Dieu ! si je me laissais aller, je le passerais avec vous. Mais il faut cependant que j’étudie quelque chose. Il faut donc nous séparer, ma bonne mère. Hélas ! quand serons-nous réunis pour ne plus être sujets à ces dures séparations ? Dieu le sait ; pauvre maman, prions-le