Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/206

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trop immédiat ou trop prolongé ne finît par m’y renfermer avec eux. Je ne connais qu’une chose à laquelle ils seraient éminemment propres : ce serait à prêcher une croisade contre l’université : je ne doute pas qu’ils ne le fissent dès demain, s’ils étaient sûrs de trouver des soldats. Quoi qu’il en soit, ils y mettent un enthousiasme et un zèle désintéressé tout à fait comique. J’aime beaucoup à en rire, et cela m’a fourni l’occasion de faire des observations psychologiques assez curieuses sur la manière dont se forment les opinions des hommes, et sur la simplicité avec laquelle des hommes innocents se jettent de la poudre aux yeux sur les motifs secrets qui les dirigent.

J’ai choisi pour occupation des vacances, la continuation de mes études hébraïques. Mes travaux de l’an dernier m’ont mis en état de m’élever au-dessus des difficultés littérales et de goûter cette littérature si antique et si pure. Je m’applique surtout à la poésie et spécialement aux Psaumes, qui en sont les plus précieux restes. C’est une source inépuisable d’admiration et même d’obser-