Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/334

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teurs du collège Stanislas. On m’y a recommandé : j’y ai trouvé d’anciennes connaissances qui ont parlé de moi. Je t’avoue que je suis séduit. Là, bonne amie, je serai traité moralement et honorablement. Tu craindras peut-être, car ce collège est en partie ecclésiastique pour le personnel ; mais il est tout universitaire pour la constitution. Et puis, j’ai été fort net, en expliquant au proviseur le motif de ma sortie du séminaire. Regarde quelle admirable transition : nul ne sera étonné de me voir passer de Saint-Sulpice au collège Stanislas, nul ne sera étonné de me voir passer de Stanislas dans une autre maison universitaire. Et maman serait enchantée, elle m’en avait parlé, et m’avait beaucoup engagé à y entrer. Je ne t’en dis pas davantage cette fois. J’attends l’ultimatum de mademoiselle Ulliac et de M. Dupanloup, sans lesquels je ne puis rien faire. Je t’avoue que j’espère et désire la réussite. — Pardonne, ma bonne amie, l’horrible désordre de mes pensées. Tout ce positif m’accable. J’ai voué mon culte à une idée supérieure à ces misères ; j’y serai fidèle au milieu de toutes les