Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

phrygiens ne pouvait que le toucher ; mais il voyait trop clair dans la théologie chrétienne pour ne pas apercevoir le danger des doctrines nouvelles sur la prophétie et le Paraclet. Il ne mentionne pas les montanistes parmi les hérétiques qu’il combat. Il blâme énergiquement certaines prétentions subversives, sans toutefois nommer leurs auteurs[1], et les précautions dont il s’entoure montrent bien qu’il ne veut pas mettre les piétistes de Phrygie sur le même rang que les sectes schismatiques. Homme d’ordre et de hiérarchie avant tout, il finit, ce semble, par voir en eux de faux prophètes ; mais il hésita longtemps avant de s’arrêter à cette opinion sévère. Tous les Lyonnais étaient livrés aux mêmes perplexités que lui. Dans leur embarras, ils songeaient à consulter Éleuthère, qui venait, depuis peu, de succéder à Soter sur le siège romain. Déjà l’évêque de Rome était l’autorité à laquelle on demandait la solution des cas difficiles, le conseiller des Églises divisées, le centre où se faisaient l’accord et l’unité.

  1. Adv. hær., I, xiii, 3 ; IV, xxxiii, 6. Ailleurs, II, xxxii, 4 ; III, xi, 9 ; V, vi, 1, Irénée paraît être moins défavorable aux nouveaux charismes prophétiques.