Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/14

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dite, je n’ai pas dû renoncer aux grades universitaires, qui me seront assurément nécessaires pour l’exécution de mes projets. La lettre où je te faisais part de ces nouveaux plans t’apprendra comment ces études en apparence si dissemblables pourront m’être également utiles pour me conduire à un seul et même but. D’ailleurs, je n’ai point à craindre que leur simultanéité nuise à l’une ou à l’autre, vu que j’ai résolu de subordonner le travail de ma grammaire hébraïque à ma préparation à la licence, jusqu’à ce que j’aie passé ce second examen. Quant au baccalauréat, chère amie, j’ai subi avant-hier cette première épreuve, avec un plein succès. J’y fais peu d’attention : car en vérité, c’est quelque chose de trop commun. Néanmoins, quand je songe aux difficultés extérieures dont cette première démarche a été hérissée pour moi, je n’y puis songer sans quelque sentiment de joie. D’ailleurs j’ai trouvé dans les examinateurs beaucoup de bienveillance, et certains égards qu’ils n’ont peut-être pas pour tout le monde. C’étaient tous des célébrités littéraires ou scientifiques de l’époque : M. Ozanam, M. Lacretelle, pour l’histoire ; M. Garnier et M. Damiron, pour la philosophie et la littérature, M. Lefébure de Fourcy, pour les mathématiques, la physique et la chimie. Je connaissais déjà M. Garnier  ; je te dirai tout à l’heure à quel propos, et j’ai pu m’apercevoir qu’il m’avait fait connaître aux autres. J’ai pris immédiatement mes premières inscriptions pour la licence, et j’espère que