Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/15

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la concurrence du travail dont je t’ai parlé ne m’empêchera pas de passer ce nouvel examen à la [session] d’octobre prochain. Il est vrai que l’intervalle voulu entre le baccalauréat et la licence est d’un an ou de quatre inscriptions ; mais on obtient facilement une dispense sur ce point. Je me suis déterminé, chère amie, à pousser vigoureusement ce travail de préférence même à celui de ma grammaire, parce que ce titre m’est nécessaire pour me faire une position provisoire supportable. Alors il sera facile de faire une halte. Le doctorat, en effet, est après la licence le seul grade qui reste à prendre, et ce n’est plus qu’un travail d’amateur, abandonné au libre choix de chacun. De tous les grades, la licence est le seul réellement difficile à obtenir, à Paris surtout. Mais aussi c’est un titre fort honorable, et le prélude comme assuré de celui de docteur, qui est le sommet des honneurs académiques. Quant à l’agrégation, c’est une épreuve d’une autre nature, un concours et non plus un examen, et on ne s’y présente d’ordinaire, qu’après avoir déjà professé à titre de licencié. Tu vois donc, chère amie, que je ne suis pas aussi loin que j’aurais pu le croire de la fin de cette situation transitoire, qui du reste, à part ce qu’elle a de précaire, n’a rien pour moi de désagréable. Et puis, bonne Henriette, quand je t’aurai à côté de moi pour raviver mon âme, cela décuplera mes forces. Il n’y aura rien alors que je n’ose, et du reste, je vais tous les jours m’enhardissant, et appuyant le pied plus