Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/261

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mille cinquante francs d’appointements, et sans espérance d’éventuel ! Tous ceux à qui je l’ai dit (et je l’ai dit le moins possible) en ont jeté les hauts cris, et en ont ri comme d’une très comique aventure, et d’un charmant exemple de la loterie des nominations. Ni moi, ni personne, ni les bureaux eux-mêmes ne primes la chose bien au sérieux. Les uns me disaient d’accepter : je serais à quelques heures de Paris, j’aurais trois ou quatre élèves, que je confierais à quelque maître d’étude, et je passerais mon temps à Paris. Des personnes sérieuses me disaient cela. — D’autres (les universitaires purs) me disaient de réclamer en province une place plus convenable. — D’autres enfin me disaient de profiter de cette offre ridicule pour demander à rester en disponibilité. Je suivis ce dernier parti ; toutefois on m’avait tellement effrayé des difficultés que cela pourrait offrir que je crus devoir intéresser à mon affaire M. Guigniaut, M. Jules Simon, et enfin M. Cousin lui-même. Ce fut bien inutile pour ma demande ; mais ce fut une excellente occasion pour entrer en relations avec ces hommes distingués. J’y reviendrai bientôt. — Ma demande fut accordée sans difficulté  ; mais, comme si cette chicaneuse bureaucratie eût voulu pousser jusqu’au bout les tracasseries, en me disait dans la lettre que je n’aurais pas mon traitement d’agrégé. C’était une illégalité. — La règle est que tout agrégé, qui n’est point on possession d’un titre officiel, a droit à un dédommagement de six cents francs. Il est vrai que la légis-