Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/284

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d’imagination généralement répandu, mais mépriser ces misérables questions de personne. Je souffre vivement toutefois de voir l’échec que vont recevoir de cette plate restauration les idées libérales. Et si un tel régime devait durer, j’en souffrirais plus que personne ; car je suis engagé, et je suis résolu à marcher hardiment, sauf les conseils de prudence, pour lesquels tu peux compter sur moi. Si la réaction intellectuelle (je parle de celle-là seulement) était trop forte, il se pourrait que je rompisse le silence, et qu’interrompent mes arides recherches, je reprisse un cadre que je manie et remanie depuis fort longtemps (je t’en ai parlé, je crois, je le désigne par ces mots : de l’avenir de la science) afin de dire hautement et largement ma pensée. Je ne le ferais qu’au cas où je serais sûr qu’un vif écho me répondrait dans un monde assez étendu. — Une nouvelle société d’actionnaires vient d’être formée pour notre Revue, l’ancienne ayant été dissoute, par suite de dissentiments sur la direction » M. Lamartine est en tête de la nouvelle liste. Ces messieurs m’ont proposé d’y figurer, en changeant en une action de cinq cents francs les sommes qui m’étaient dues pour les articles que je leur ai donnés. J’ai accepté ; c’est, je crois, un très mauvais placement au point de vue financier ; mais je n’y devais point regarder avec ces messieurs qui m’ont accueilli avec tant d’empressement et de bienveillance. On se réunit tous les jeudis soirs chez Jules Simon. J’y vais quelque-