Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/465

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il s’est formé, ne m’inspireraient pas plus de confiance. Sois donc tranquille sur ce point, mon Ernest, et aie du courage pour les autres. Ah ! si je pouvais te revoir !

Le médecin m’a interrompue, très cher ami ; il sort de ma chambre après m’avoir dit plusieurs paroles rassurantes que je m’empresse de te transmettre. Il n’y a pas d’aggravation dans l’état de ma gorge ; pourvu que le larynx ne soit pas profondément affecté, le médecin espère une guérison, et jusqu’à présent il ne croit pas que cet organe ait beaucoup souffert. Je tousse peu, ce qui est sous ce rapport un bon symptôme. Mon bon frère, espère, mais réunissons-nous ; le revoir est mon vœu de tous les instants ! — le médecin m’a déclaré qu’à la fin de mai ou dans le courant de juin je pourrai soutenir le voyage.

Très cher ami, ta mission te permettra-t-elle de venir à cette époque ou un peu plus tard me chercher à Berlin ? Si j’étais certaine que cette lettre te parvînt, j’y renfermerais à cet effet un billet de cinq cents francs ; mais si elle se perdait dans les détours si multipliés et si déplorables que notre correspondance doit subir ? Écoute : je vais tâcher, avant quelques jours, d’envoyer cette somme a M. Daremberg, en le priant de la tenir à ta disposition ; j’espère qu’il te sera possible de la faire venir promptement de Paris au lieu où tu te trouveras, cher et bon Ernest. Tout mon être se ranime à l’idée de te revoir ; oh ! puisse le Ciel réaliser cette dernière espérance ! Lors même