Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/100

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sition, sans qu’on voie percer aucune vue personnelle de la part des auteurs (Évangiles actuels de Matthieu et de Marc) ; 3o l’état de combinaison, de rédaction voulue et réfléchie, où l’on sent l’effort pour concilier les différentes versions (Évangile de Luc, Évangiles de Marcion, de Tatien, etc.). L’Évangile de Jean, comme nous l’avons dit, forme une composition d’un autre ordre et tout à fait à part.

On remarquera que je n’ai fait, nul usage des Évangiles apocryphes. Ces compositions ne doivent être en aucune façon mises sur le même pied que les Évangiles canoniques. Ce sont de plates et puériles amplifications, ayant le plus souvent les canoniques pour base et n’y ajoutant jamais rien qui ait du prix. Au contraire, j’ai été fort attentif à recueillir les lambeaux, conservés par les Pères de l’Église, d’anciens Évangiles qui existèrent autrefois parallèlement aux canoniques et qui sont maintenant perdus, comme l’Évangile selon les Hébreux, l’Évangile selon les Égyptiens, les Évangiles dits de Justin, de Marcion, de Tatien[1]. Les deux premiers sont surtout importants en ce qu’ils étaient rédigés en araméen comme

  1. Pour plus de détails, voir Michel Nicolas, Études sur les Évangiles apocryphes (Paris, Lévy, 1866 ).