Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/89

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excellents que je crois serrer la main à de vieux amis. »

Est-ce que je les prends pour des confrères ?

Ils répondent enfin :

— « Nous sommes ben aise ! »

On ne le croirait pas. On a dû leur couper les paupières pour qu’elles saignent ainsi. Le mari a un collier, une fourrure, un boa de barbe, et quand il se met à rire, c’est pour si longtemps, qu’on pourrait, chaque fois, compter toutes ses dents, une à une, et faire la preuve. Madame Cruz, au contraire, a la bouche mince, froncée. Elle prise, et son nez recourbé, à la pointe remuante, semble toujours en train de piquer sur sa lèvre les brins de tabac qui retombent.

Madame Vernet leur parle avec volubilité, prend des nouvelles du poisson, et m’explique ce que je ne comprends pas, juxtaposant les mots difficiles.

Les pêcheurs, rouges, considèrent avec stupéfaction mon visage pâle. J’ai les pommettes saillantes. On m’affirme que dans deux mois d’ici je ne pourrai plus mettre mes faux-cols et que l’air de la mer aura bouché tous les trous.

— « À tout à l’heure ! » dit Madame Vernet.