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M. D’OUTREMORT

tirait sa consonance actuelle tout bonnement d’une corruption étymologique, l’n d’Outremont s’étant muée en r à force d’être mal prononcée par les habitants du marquisat.

Cette confidence n’eut point le pouvoir d’affaiblir à ma vue le prestige de M. d’Outremort, et comme je n’éprouvais pas moins de vénération à son égard depuis que je savais le néant de ses jours accomplis, je pris l’habitude de le considérer à la façon d’un homme prédestiné, à qui la Fortune réserve ses faveurs les plus éclatantes. Bonaparte à Brienne, si l’on veut.

Or, en dépit de mes pressentiments, M. d’Outremort a vécu dans l’obscurité ; et je doute à présent s’il connaîtra la gloire ; car ce mot ne saurait désigner l’espèce de réputation éphémère, affreuse et bizarre qu’il vient d’acquérir, et dont la cause, au demeurant, pourrait bien être celle de sa fin prochaine.

Le plus curieux, c’est qu’il semble fort qu’il n’ait tenu qu’à lui d’être une illustration de ce siècle-ci. On va voir comment.

Au sortir de l’École, tandis que mon goût me portait à l’Inspection des Finances,