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Page:Renard - Vox Saeculi, 1902.djvu/18

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vox sæculi

Rasant cette Bastille où commandait Boileau,
Lançant contre les Turcs une flotte sur l’eau ;
Contre tout oppresseur, quelle qu’en fût la taille,
On te voyait livrer bataille sur bataille,
Quitter la lyre d’or pour le clairon d’airain,
Pour Hernani combattre et vaincre à Navarin !


Hugo ! De par ce monde où gémit notre plainte,
Ta Voix ne dit plus rien… L’étoile s’est éteinte
Qui doucement guidait les hommes vers le Bien…
Encore un Univers évaporé dans Rien !…
Tu chantes pour l’Éden ! L’astre d’Épiphanie
Décrit dans l’inconnu quelque courbe infinie !…


Nous t’avons vu franchir cet arc victorieux
Que jadis ta pensée éleva jusqu’aux cieux ;
Mais si l’on n’avait pas offert à ta mémoire
Cette porte de pierre ouverte sur l’Histoire,
Le triomphe irisé d’un arc-en-ciel géant
Se serait élancé de l’horizon béant