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Page:Renard - Vox Saeculi, 1902.djvu/17

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vox sæculi

Il semblait aux marins, dans le matin douteux
Voir une blanche nef naviguer devant eux,
Et le vent seul pouvait diriger ce navire,
Ceux qu’il portait chantant sur le luth ou la lyre…
Puis, tout disparaissait. Plus rien sur l’Archipel.
L’azur profond des mers, l’azur sans fond du ciel…
Mais, le jour de la lutte, au milieu du carnage,
Quand le canon tonna, quand rugit l’abordage,
On reconnut la voix de l’invisible nef,
Et, comme un son plus fort, plus puissant, comme un chef,
On entendit, cerclé de frémissants crotales,
Ronfler le tambourin de tes Orientales !


« Liberté ! Liberté ! — disaient toujours tes vers —
Liberté pour chacun dans l’immense univers ! »
C’est pourquoi l’on t’a vu, suivant la même idée,
Lâcher à travers champs ta strophe débridée,
Au vieux Klephte enchaîné rendre la liberté ;
À la fois au milieu de deux guerres jeté,
Ici, tu défendais la liberté des lettres,
Là, tu luttais pour l’indépendance des êtres,