Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/123

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quelques individus femelles qui ne peuvent nourrir. Dans l’état de grande civilisation, au contraire… des femmes comme nos duchesses, la plupart de nos marquises et de nos comtesses, nos présidentes et nos financières, nourriront-elles avec leur lait échauffé, leurs passions exaltées, leurs alimens âcres ? avec leur genre de vie dissipé, échauffant ? Hâ ! qu’elles s’en gardent bien ! Qu’elles confient leurs enfans à une bonne paysanne, bien fraîche, bien saine… seulement qu’on la paye bien, cette nourrice ! Qu’une loi sacrée la rende à jamais vénérable pour son nourrisson[1] !… » Nous avons cité tout au long ce passage, parce qu’il prévoit des effets confirmés, depuis, par l’expérience.

Les quarante-deux volumes des Contemporaines sont, en grande partie, consacrés à la soutenance de sa thèse favorite sur l’insubordination des femmes : « J’y travaille plus, dit-il, au bonheur des femmes qu’à celui des hommes, en tachant d’ouvrir les yeux des premières sur leur véritable destination[2] ». Ce bonheur n’est possible, d’après lui, que si l’épouse demeure la plus fervente admiratrice, la plus humble servante de son époux. Voilà une théorie qui, assurément, n’est point faite pour déplaire aux maris. Il s’ensuit qu’on doit éviter de donner de l’instruction aux femmes. Si l’on agit autrement, « tout est perdu, mœurs et repos, plaisirs et bonheur. Une femme ne

  1. Nuits de Paris, p. 2514.
  2. Les Contemporaines, 2e édition, préface.