Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/124

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doit savoir répondre qu’aux choses d’économie domestique et aux caresses de son mari, par deux raisons : 1° C’est que, dès qu’une femme a mieux raisonné que son mari, le ménage n’a plus de chef et tout doit aller sens dessus dessous. La deuxième raison, c’est qu’il faut un repos à l’espèce humaine, et c’est dans le sein de la femme qu’elle doit le trouver[1]. »

Cette théorie nous conduit naturellement à celle de l’amour : « Procréer son semblable est un devoir sacré, dont rien ne dispense. S’attacher à une femme ou la femme à l’homme est un devoir collatéral de celui-là, pour les êtres raisonnables vivant en société… L’amour physique est le plus grand des biens et la plus belle des facultés ; l’amour moral, la première des vertus. C’est par l’amour, sous ces deux rapports, que l’homme ressemble à Thot producteur[2]. » Ce système peut être regardé comme une conséquence de celui de la Compensation des biens et des maux, professé dès l’antiquité par les stoïciens et repris par les philosophes du dix-huitième siècle : « La somme des biens et des maux doit également abreuver la vie[3]… » Il aboutit à montrer toutes choses, jusqu’à la mort ou la vie, sous un même aspect indifférent. La gloire n’est plus enviable, « car les désagréments sont à côté[4] ». La poursuite du bonheur est vaine, car « l’heureux vit plus délicieusement, mais son uniformité le fatigue.

  1. Monsieur Nicolas, 1re édition, p. 4060.
  2. Nuits de Paris, p. 504.
  3. V. Mes Inscriptions, § 32, p. 18.
  4. Nuits de Paris, p. 1219.