Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/125

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Le malheureux souffre, mais il est agité par les craintes, les espérances, il vit davantage. La somme des biens et des maux est toujours égale, dans toutes les positions[1]. » Afin de corriger ce que la doctrine a de décourageant, il ne la donne pour exacte qu’à l’état de nature : « Dans l’état de société, la somme des biens peut augmenter pour les uns et diminuer pour les autres[2]. »

Le devoir du législateur est donc de pourvoir l’homme de la plus grande somme de bonheur possible. Pour cela, son premier soin doit être de tirer parti de la plus noble des sensations, l’amour. Il ne peut l’en priver sans se rendre coupable d’un crime de lèse-nature.

Au dix-neuvième siècle, Fourier, s’inspirant des idées de Restif, en a tiré le système des Attractions passionnelles.

Fourier lui a fait d’autres emprunts. Mais, auparavant, voyons quelles limites Restif trace à la passion la plus noble :

« Ce n’est pas être libertin, c’est être vertueux que de faire des enfants[3]. » Toutefois il faut en même temps « adorer les femmes et non pas les regarder comme un vil instrument de volupté[4] ». Le point important est de ne jamais « outrager la nature », ce qui veut dire qu’on doit s’abstenir de la débauche et des prostituées[5].

  1. Nuits de Paris, t. XVI, p. 396.
  2. Ibid., p. 2455
  3. Monsieur Nicolas, t. XIII, p. 144.
  4. Ibid., t. XI, p. 125.
  5. Ibid., t. XIII, p. 77.